Youhou, le fou!
Par Alain Cloutier

ATTENTION: Ce texte peut causer l'épilepsie

Ce n'est pas de ma faute si les oranges poussent sur le mur! Ce sont les souliers qui sont jaunes, ce n'est pas moi qui est grand. Pourquoi vivre, sinon pour décrire des cercles de plus en plus bleus. Je suis fou ? Je le sais, mais au moins je goûte le violon, moi! Non, sérieusement, la table n'est pas plus haute que la Terre, c'est juste parce qu'elle est moins près de moi qu'elle paraît plus verte. Autre question sur les jeux de verbes: si j'ai trois dollars et que je veux marcher 120 Km pour le fun, de quelle température sera l'eau dans le ventre du dragon que j'ai écrasé tout à l'heure? Heavy, hein? Mais ce n'est pas tout, il ne faudrait pas oublier la marche nuptiale qui s'envole vers une chemise ancienne, pour le yogourt.

Donc, puisque le canapé est sur la table et que celle-ci est sur mes épaules, je devrais logiquement être à côté de la piscine, non? Sauf si, bien sûr, le vent est bleu et souffle à l'est. Ça voudrait donc dire que les crevettes tueuses sont de retour chez Greenberg!

Je ferme le soleil en me disant qu'il serait bon de découper une pizza au Teenage Mutant Ninja Turtles, bien garni: poivre et tricycle. Quel délice pour les jambes! Bien mieux qu'un sunday aux lunettes fumées sans filtre! Les mêmes filtres que portait au jambes l'arrière petit fils du voisin du beaux-frère du gars qui à vendu le vélo au commis qui s'est foulé une cheville en tombant sur la femme du président du club Optimiste qui a un gendre qui est ami avec le curé qui a baptisé le gars qui a prêté sa tondeuse à la grand-mère de son voisin qui est mort de vieillesse après avoir encouragé le gars qui avait reçu son chèque de paye de l'usine où la belle-soeur de l'amie de la voisine de la tante (celle qui a un chien) du camelot qui passait le journal chez l'oncle du neveu de la nièce de l'ancien voisin du gars qui achetait son bacon à la livre en disant que la voisine de l'ami du facteur, qui se trouve à être en fait le nouveau propriétaire de la remise des amis de mes amis, qui sont évidemment mes amis, ceux-ci étant parents de 5e génération de la fille qui a une amie qui a posé pour le magazine CHÂTELAINE du mois de décembre, exactement 127 jours, jours pour jours, de la date de fête du plus vieux des neveu de l'ancienne voisine de mon arrière grand mère par alliance. Évident, non?

J'ai dans mon oreille plusieurs réponses qui sont sans questions. Comme: bleu, 2 Km/h, 7654m ou OUI. Comme vous pouvez le constater, ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on est vert ou péquiste. Pourquoi alors faudrait-il être vivant juste parce qu'on est pas mort? Absurde, non? Mon ami m'a dit que le vent, les étoiles, et les pizzas sont tous pareilles: ils se digèrent froids. Pourquoi l'homme qui est assis sur le canapé serait plus "Corn Flake" que le panneau de mélamine vert sur son gâteau de garage? Les livres sont aussi grands que les as de vers de terre assis sur la balustrade de mes pensées tortueuses et tourmentées que je suis malade d'un garage d'astres dans l'éveil de la terreur de mes nuits. La valette de chambre est prise sur le fait en pensant de façon cohérente quand à la chambre vide de sens nuptiale pour qui le mot "girofle" ne veut rien dire, pas plus que la théorie de l'auto-diffraction quantique superficielle de la matière moliculo-oxydée de façon temporaire.

Apeuré, je cours à m'en fouler les oreilles, à m'en rouler le nez. Je trébuche sur un omoplate de style gréco-romain, qui criait à en fendre l'âme. C'était un peu triste, surtout que le pot de miel se marrait en regardant l'autruche exploser. C'était à s'y méprendre. Une autre question, ou plutôt une constatation pyrallique me vint à l'oeil: tu es bleu, je suis bleu, nous sommes quatre; ça fais six! Pourquoi taper, sinon pour bûcher, sur une flamme ardente, trop ardente pour mes narines souffreteuses, enclin aux perversités les plus vertes et immondes, à en juger par son sens de l'équilibre funeste comme un ballon de plage trop petit pour passer par le chat d'un aiguille de laine. Carimbas! lui criai-je, les yeux dans le vents, les mains libres de toutes dissertations.

Je reviens de chez-moi, un tigre sous le bras, une burette dans l'autre, marchant d'un pas caramélisé vers le conservatisme des plus absolu, ne sachant que faire de mes autres bras. Je pense, cours, saute, trébuche, prends en feu, explose, me dépeigne, m'étends, me fais rôtir sur les trois côtés, me réincorpore, chante et écrit un yogourt à succès, tous ça en moins de temps qu'il n'en faut pour boire une fourmis lilas sur une chandelle, dansant un fox-trot minutieux à l'aide de son dictionnaire arabe/cunéiformes.


Octobre 1993