Nonsense Incoherent
Par Alain Cloutier

ATTENTION: Ce texte peut causer l'épilepsie

Lorsque la nuit me chante de diablées berceuses et que je pense aux gens peu cervelus, je me dis que je ferais mieux de consulter un gérontologue, pour mes pensées un tantinet trop frivoles. Pourquoi moi, pourquoi qui, mais as-tu vu les escogriffes s'envoler trop loin, vers des cieux inhospitaliers? Ça me dépasse, par la droite, donc, inexorablement depuis le matin des temps morts d'une crécelle frétillante comme un menu fretin. A qui mal-mal, je m'insinue dans les zones de froid tropical, vers les plages douées de sens de l'anarchie pécuniaire.

Je suis l'anachorète de l'envolé lyrique désastreuse, le cerbère de l'épitaphe incongru, le rôdeur parmi les sibylles, conservant toujours, et même au péril de sa vie, les rouges pour la fin. "Miracle!" direz-vous, un doigt sur la gachette, en criant de ne pas mélanger vos céréales. Vous n'aurez pas tort. Seulement, pour que cet imbroglio s'accomplisse, vous devez vous munir de courage et de sucre. Le sucre, c'est pour éviter une riposte trop flagrante de la part du colporteur d'idées préconçues, de coutures mal famées. Le délire mystique est une chose, la rancune amorphe en est une autre. Qui ne voit pas le lien entre ces trois chose? Levez-vous et criez votre incertitude sceptique face aux événements troublants.

Depuis les avancées dans la mer de brouillard cérébral, je m'entend répondre en silence des réponses sans fin aux questions inexistantes. Poindre à l'horizon avec tant de ferveur mystique m'éblouis jusque dans le pachydermie grisÀÀtre de ma vie sans tréfonds. Pourquoi vous écrirai-je avec tant d'ardeur et de passion si je ne tenais pas à vous convaincre de ma sénilité? Je me verrais sur une plage débusquée, embusquée par un mousquet paisible qui ne tient pas à sa paie, qui ne vit que pour luire dans la pénombre d'un verre d'eau à moitié vide, qui aurait été bu, dit-on, par un lombric assoiffé de cohérence. Mais j'en doute.

Je me lève, m'étire, reprend ma forme, et m'enfonce jusqu'au genoux dans une vase sirupeuse et grotesque. La seringue me fait mal, un mal qui me fait du bien, car il est bien fait. Je m'arrête un instant, songeant aux habitants du cinquième-monde, donc aux chi-noix freluquets réfringents et poltères. Ils ont tort d'affirmer qu'ils ont eus raison de leurs mensonges véridictes.

Je suis à 49,57% contre cette affirmation moins rébarbative. N'en reste qu'il n'y a pas moins de 13,32% de mon intellect circonvolutionnel qui s'abstient; peut-être par peur d'un déluge, ou encore d'un référendum, ce qui n'est pas peu dire en une si schisteuse journée.

Bien que mal lui en pris, car au lieu de donner à la nature son drapeau de myrtille en pot de terre et pot de verre qui lui ment ira en enfer, il dit à des sous-officier eunuque de passage dans ce paysage phyllico-cristallin de s'en retirer paisiblement vers moi, en donnant des ordres aux myrtilles souriantes. Elles étaient heureuses, je le sait. Je les ai entendu fredonner un petit air de par chez-nous pendant qu'elles prenaient leur douche dans un bain gonflable rapiécé avec de vieux bouts de chanson folklorique et des bribes de oui-dires. Pour ma part, je trouve que les firmaments manquent un peu trop souvent de cohérence. Je trouve qu'il est très important, surtout pour une bille qui se respecte, d'être cohérente dans tous ce qu'elle ne fait pas, ou point mais guerrement mieux que pas assez.

Peut-être trouvez-vous que mon style est trop compact? Dans ce cas, je vous direz d'aller voir sur un disque du même nom, pour voir si les animaux y sont vraiment heureux, ou bien ne font-ils que semblant, par peur d'être compactés davantage. Vous me comprenez bien? Moi non plus! Donc tout le monde est sur un pied d'égalité différent... Bien tant mieux.


Octobre 1993