La grande désillusion
Par Alain Cloutier

Oh! Oh! Oh! s'écrie l'ignoble et adipeux personnage empreint d'une joie capitaliste qu'il fait passer pour l'esprit de noël. Je le sais, moi, qu'il n'en est pas autrement, qui lui et ses affreux nains pervers et corrompus ne sont animés par autres choses que par le profit net. Pourquoi alors font-ils la tournée des centres d'achat, en prenant une commission sur toutes les ventes supplémentaires que lesdit centres d'achat enregistrent en ces périodes?

Sa fausse bonhomie ne m'impressionne plus guère, maintenant que j'ai découvert son vil subterfuge, sa détestable traîtrise face aux gamins qui lui font confiance. Que dire aussi de la Mère Noël, qui projette l'image d'une bonne veille femme, aux cheveux délicieusement blanchis, à la voix douce, qui, toujours, nous fait de bons petits biscuits aux brisures de chocolat, encore chauds, qu'on mange en buvant avec un grand verre de lait froid tandis que cette gentille et légendaire grand-mère nous regarde tendrement entourée d'un halo de bonté. MAIS IL N'EN EST RIEN! Elle est aussi détestable que les autres sombres pantins sans fils qui compose la "charmante" atelier du Prospère Noël, mais en plus corrompue.

Son mari, le gros barbu qui semble toujours jovial (j'ai appris que son rire gras et niais n'était pas engendré par sa bonne humeur feinte mais par sa moquerie et son sardonisme face à tous ces pauvres innocents qu'il berne à tour de bras) a lui aussi ses torts: il engage des gens de petite taille (entre 2 et 3 pieds et demie) pour profiter des subventions accordées à l'embauche du personnel handicapé et ensuite de faire travailler ces horribles gnomes dans des conditions inhumaines et en les sous-payant.

C'est ça qu'on appelle la magie de Noël!


Octobre 1993