Robin, le Gaétan des forêts
Par Alain Cloutier

ATTENTION: Ce texte peut causer l'épilepsie

Comme un maracas, je m'enfuis par la fenêtre, ne donnant presque à personne la raison de mon arrivée, si prématurée fut-elle. Les lèvres sur les yeux, je couru à en perdre la vue. Pourquoi fuir du dehors, vous demandez-vous! Mais par ce que je voulais économiser sur les frais de déplacements. Quelle vie! Quelle misère! Quelle insalubrité!

Mû par un élan de grandeur, je sautai la clôture de perche et de dentelle qui me séparait de l'autre rive, celle du centre, quand je tombai sur un perroquet ventripotent et couinard. Je l'étripai vite fait.

Heureux de mon méfait, je fumai un citron, me remémorant en riant toutes les péripéties que m'a fait vivre le fait d'être vivant. Quelle aventure! Dès que nous naissons, il s'opère (de famille avec 6 enfants) en nous de subtils changements, surtout si l'on se réfère à notre appartenance à un parti-pris politique. Quelle misère! Au début, je sais, nous sommes petits, sans défenses d'ivoire, mais ce n'est pas une raison pour nous piler sur la narine! Non mais, il y en a qui se croit tous permis de conduire! Quand nous grandissons, par exemple, ils se rebiffent, se distinguent par leur anonymat, se rétractent, se contractent, se dissipent. Bien fait pour leur chiots! Ça leur apprendra, à ces malabar, ces malapprix à la consommation, à ces cocktails Molotov non-dégrossis, à ces scaphandrier pleins de mégots fulminants en un point lumineux.

Nul ne sait pourquoi il fut un temps où les chiots étaient phosphorescent, ni le pourquoi d'une telle hébétude. Mais je conviens que nous ne le découvrirons jamais au grand jamais, jusqu'à ce que nos oreilles droites et rigides ne touchent plus le sol de leurs tentacules noueuses et grisonnantes. Seriez-vous prêt à jouer "La cantatrice barbue" à 4 heures du matin, il est temps de sortir le chien? Dans ses yeux, j'ai vu Prunelle et Canneau, les amovibles et lavables figurines de Passe-Partout (Nouvelle marque de 4x4).

Présentement, je me sens bien, tellement bien que je songe à écrire une tartinette de calembours farci à l'ananas, moud le café. Tape la pomme pendant qu'il en est encore temps, pendant que tes jours sont encore comptés, avant que le ciel ne pèse dans ton bol de mariage en rose, couleur de l'allégresse. Connaissez-vous l'écriture automatique? Personnellement, je préfère la manuelle, à 5 vitesses de marche arrière; c'est beaucoup plus dispendieux, onéreusement parlant! Mais trêve de "Protégez-vous", passons aux choses plus sérieuses (existe-t-il des choses sérieuses?) Je veux bien entendu vous parler de mes nains égyptiens jonglant avec les piscines hors-terre. Ils sont expérimentés à de multiples péripéties, surtout celles qui consistent essentiellement à s'asseoir dans une brouette, à la lever, et à faire ainsi 40 mètres sur une roue, celle de gauche. Vous me suivez, je l'espère!

Comme tous les gens le savent sur le bout de leurs oreilles, la cigogne apporte le miel, les serviettes, les endives et les farces à attrape (à ours). C'est une évidence puérile, sénile et infantile de la nature, c'est dans l'ordre des choses, dans le coeur du problème. Ce problème, si grand soit-il, est représenté par ce dont on parle le plus souvent lorsqu'on est seul: le récit. Le récit en tant que tel peut, mais ce n'est toutefois pas une obligation, être regroupé, divisé et recousu en trois parties: le personnage, l'histoire, et le reste. Par reste, j'entends tout ce qui aide au personnage; ce peut aussi bien être ses souliers de suède bleus que la couverture semi-matelassée du récit lui-même. J'espère que c'est clair! Reprenons de la fin: le héros, car il est question ici de héros (pas celui de notre enfance, mais un type de héros encore plus grandiose, magnificiant (mental), magnanime, rock-en-bolesque et satyre-sans-faim), est dans une sphère romanesque centralisé ionisante par rapport à son histoire. Vous comprenez, le genre de héros que l'on se plaît à ne pas être...

Accepter le concours de mon professeur était chose aisée, compte tenu de mon état d'esprit actuel et de mon glorieux passé, si lointain déjà. Je fis comme si c'était la première fois, chose qu'il fut aisée de simuler car c'était vrai.


Octobre 1993