dieu ou HOMME
Par Alain Cloutier

Suis-je plus rapide que l'escargot, plus sombre que la foudre, plus fluide que le basalte, plus lent que le guépard, plus léger que l'univers? Si une de ces questions se répond par la négative, alors je suis un dieu. Si au contraire, toutes les réponses amenées par ces remises en questions s'avèrent positives, alors je suis un homme et je dois en subir les conséquences. Dans l'éventualité non probable (au dire de quelques mauvaises langues) où toutes les réponses seraient non-affirmatives, alors je suis Dieu. Mais un dieu qui pose de telles questions n'est pas digne d'accéder à la divinité, alors je ne serais qu'un être humain prétentieux.

De telles questions engendrent inévitablement une remise en question de la conception que nous avons de nous-même et de Dieu. Elles ouvrent la voie à une myriade d'autres questions, traçant la limite entre les hommes et Dieu. L'homme, même motivé par la vantardise la plus naïve, ne peut même espérer posséder le millième des attributs d'un dieu. S'il en était ainsi, il serait lui-même un dieu. En regardant agir la plupart des humains, on peut sans se tromper affirmer qu'ils sont loin de cet idéal.

Comment j'imagine Dieu.

Définir Dieu de par nos qualités humaines, même lorsque celles-ci sont portées à un niveau suprême, est ramener Dieu à notre niveau. Une ampoule électrique et le Soleil produisent peut-être une quantité de lumière incomparable, mais nous les comparons quand même sur la base de quantité de lumière. Lorsque nous lisons: "Dieu a créé l'Homme à Son image", nous voyons tout de suite un dieu à forme humaine. Et pourquoi pas l'inverse? Pourquoi chacun de nous ne serait pas Dieu? Pourquoi se précipiter sur la comparaison la moins élevée? Il est vrai que le plan physique trompe l'oeil, nous fait croire que nous n'existons que dans ce plan. Alors nous ramenons tout à ce plan.

Si nous disons que Dieu est parfait, alors il ne doit pas nous ressembler car les humains sont imparfaits. Nous disons qu'Il est infiniment bon, généreux et juste, car nous ne pouvons imaginer un Etre parfait sans nos meilleures qualités. Dans ce cas, pourquoi Dieu ne pourrait-être infiniment courtois, ordonné, humble et courageux? Cette projection humaine n'est que trop imparfaite. Comble de vantardise, on s'imagine même Dieu sous forme d'homme (de race blanche, évidemment), portant barbe et tunique blanche (immaculée). Suivant cette ligne d'idée, pourquoi Dieu ne serait pas plutôt une belle jeune fille vierge arabe, ou un beau bébé de race noire? Dieu est infiniment sage, donc il doit ressembler à un vieil homme. Pourquoi pas plutôt pure comme une jeune fille vierge? Évidemment, la personnification aide à faire connaître Dieu, à le publiciser. Elle simplifie l'imagerie mentale, donne à l'abstrait une forme tangible en laquelle croire. Je suis d'accord. Mais pourquoi rester avec cette image, pourquoi ne pas la dépasser lorsque l'on comprend que ce n'est une version HUMAINE de ce que nous PENSONS être Dieu. Il est plus facile de ramener à son échelle, même si cela doit être en contradiction avec le discours tenu.

Alors que serait Dieu, quelle apparence aurait-elle/il? De quelle nature serait-elle/il? A ce jour et selon moi, la vision la plus probable de Dieu est donné par Ramtha, qui dit que: Dieu est.

Il n'a ni sexe, ni âge, ni apparence physique, ni qualités capables d'être élaborées par des mots humains. Cette représentation renferme un respect ainsi qu'une liberté absolue. Dieu ne nous punis pas, Dieu ne fait pas de tour de magie, Dieu ne nous épie pas pour surveiller nos actions. Cette vision peut sembler posséder une connotation négative. Nous pouvons penser, suite à cette définition, que Dieu n'existe pas ou que Dieu est infiniment distant. Au contraire, elle présente, selon moi, l'état de liberté, d'union et de responsabilité personnelle le plus grand. Cette vision comprend aussi le fait que nous faisons parti de Dieu aussi bien que l'inverse; nous faisons Un avec Dieu. Dieu n'est pas un être. Il est un état. Sa représentation peut se voir partout; dans chaque arbre, dans chaque sourire, dans le vent, dans la foudre. En quelques instants privilégiés, dont la fréquence peut être augmenté par l'élévation spirituelle, nous pouvons le sentir en nous. Quelquefois, cet état d'union est tellement fort qu'il porte le nom d'Amour. Cet Amour n'est pas dirigé vers une personne ou vers une chose précise; Il englobe l'univers en entier. Cet Amour est le véritable Pouvoir. Ce n'est pas un pouvoir pour dominer, mais pour accomplir des choses incroyables, tellement belles qu'on ne peut que dire: Dieu est! Même si cet état n'arrive que rarement à percer l'armure des pensées limitantes humaines, sa présence fait comprendre et aide à l'Évolution de l'âme. Je crois qu'il est bon que ce sentiment ne soit que sporadique, car son but est de nous motiver de l'intérieur et de façon non-artificielle à poursuivre notre But: évoluer. Si ce sentiment était permanent, nous nous détacherions du plan physique et ne vivrions que pour le plan spirituel, ce qui n'aiderait pas le But.

Le Paradis ou le cycle de la vie.

La vision de paradis souffre, selon moi, de la même naïveté conceptuelle. J'ai demandé à des gens de plusieurs religions et sectes à quoi ressemblait leur paradis, et ce que j'en ai retiré est une foule de contradictions. Nous disons que l'âme (au sens religieux) est plus subtile que le corps et qu'elle est immortelle. Nous disons que nous n'avons qu'une seule vie et que dans ce ridicule laps de temps, nous devons prouver que nous sommes assez purs ou bons pour accéder au paradis éternel. Et notons bien que, d'après maintes religions et sectes, nous en sommes à notre premier essai! Je compare ce machiavélique concept à l'exploit de sauter le Grand Canyon à l'aide d'une perche de trois pieds et ce, du premier coup... Si nous disons que Dieu est parfait, alors son plan est parfait. Comment penser qu'un plan voulant qu'un être humain, qui n'en est qu'à son premier essai, réussisse un coup parfait? D'autres diront qu'il suffit de croire en Dieu. Je veux bien, mais croire sans chercher à s'améliorer ou propager l'Amour ne veut strictement rien dire. Plusieurs personnes que je connais sont dans des sectes et se disent sauvées. Elles veulent convaincre tous le monde que leur dieu est le bon et que leurs rituels sont les bons. Gare à ceux et celles qui ne sont pas avec eux, car ils n'accéderont pas au paradis comme eux! Foutaise! Le simple fait qu'ils disent que seuls eux vont être "sauvés" (de quoi?) démontre clairement leur degré d'évolution. Et que dire des gens qui font la guerre au nom de la religion? Sans commentaires.

Plusieurs sectes croient que lors du jugement dernier, ils (ceux qui sont sauvés) vont revenir avec leurs corps et vont monter au paradis pour l'éternité. Le corps physique n'est pas de nature subtile, pourquoi irait-il au paradis? Si nous disons que l'âme est subtile, elle doit aller en un lieu subtil, ce qui exclu le physique. Ayant demandé à un membre d'une secte chrétienne que font les gens au paradis, il me dit: ils adorent Dieu! Wow, un dieu ayant créé des milliards (et ceci sur la Terre seulement!) d'humains dans le seul but de vivre une fraction de seconde en le priant, puis de l'adorer pour l'éternité serait doué d'un égoïsme infini! Ils disent que Dieu a créé les hommes libres; libre de l'adorer pour l'éternité ou d'aller en enfer! Le choix est immense!

Je crois plus à la description donnée par le mouvement New Age ou spirite, ainsii que par quelques grandes religions (hindouiste entre autres): on se réincarne dans le plan physique jusqu'à ce qu'on ait maîtrisé ce plan (notre plan émotif plus précisément). Lorsque nous "mourrons" entre deux incarnations, nous récapitulons notre dernière incarnation et faisons un plan plus ou moins précis pour notre prochaine. Ceci se passe dans le plan astral, qui est plan beaucoup plus subtil que le plan physique. Je crois que les incarnations peuvent se faire dans différents mondes et sous différentes formes physiques, plus ou moins subtiles selon le cas. Lorsque le besoin d'incarnation dans le monde physique ne se fait plus sentir (lorsque nous avons assez évolué), nous oscillons entre le plan astral et le plan spirituel. Notre tâche n'est jamais finie. Dans mon incarnation présente, je ne peux pas imaginer la notion d'infini; je ne peux que penser à un cycle. Notre tâche, lorsque nous sommes évolués suffisamment, consiste à aider les autres, ceux qui s'aident eux-même. Le dicton "aide-toi et le ciel t'aidera" est selon moi véridique et dépasse notre imagination. Selon moi, le processus d'évolution est volontaire. Chaque personne est libre d'évoluer ou de stagner si elle le désire.

Je crois aussi que nous nous plaçons des obstacles et des "bornes indicatrices" sur notre route afin de parvenir à notre but. C'est pour cela qu'il est important d'apprendre de toutes les expériences vécues, même si elles semblent mauvaises. De plus, les situations se répètent tant que l'on ne les a pas affrontées et maîtrisées. C'est pour cela que la fuite ne sert à rien; elle ne fait que retarder la confrontation.

L'église, la prière, le blasphème.

Je ne vais pas à l'église mais j'aime les choses s'y rapportant: musique, encens et architecture. Je crois que je n'ai pas besoin de ces lieux consacrés pour Dieu. Selon moi, TOUT les lieux sont consacrés pour Dieu. L'église, comme le dépotoir municipal, sont des lieux où est possible la prière. La prière est un lien, une pensée, un dialogue entre nous et Dieu, pas un acte qu'on doit faire en certains endroits et en certaines heures. Le lieu physique n'a aucune importance, seule la pureté de l'âme faisant la prière en a. Si, lorsque j'ai évoqué le dépotoir, on a pensé: il blasphème, c'est qu'on est plus encré dans la religion que dans la spiritualité. Manquer de respect à Dieu, donc à nous, ne veut pas dire enfreindre les lois "divines" établies PAR LES HOMMES. Manquer de respect à Dieu n'est pas d'utiliser de façon "sacrilèges" des mots inventés PAR LES HOMMES. Ne pas respecter la vie, ne pas voir les merveilles présentées à nos yeux à tout instant, ou encore réduire l'être humain au seul plan physique, tout ceci est vraiment manquer de respect à Dieu.

La religion.

La religion est "l'ensemble d'actes rituels liés à la conception d'un domaine sacré distinct du profane et destinés à mettre l'âme humaine en rapport avec Dieu" (Petit Robert). Je ne crois pas que nous devons avoir recours aux artifices de rituels pour mettre notre âme en contact avec Dieu. Si tel était le cas, les gens ne sachant pas les rituels ou n'ayant pas accès à ceux-ci, seraient damnés? Voyons, soyons sérieux! En considérant aussi que les rituels et même les dieux de chaque religion sont différents, comment choisir LA bonne façon d'accéder à Dieu? Selon moi, les hommes on toujours eu le besoin d'avoir recours à des éléments extérieurs à eux-même pour avoir accès au monde spirituel. Pourquoi la relation entre nous et le plan supérieur ne serait-elle pas infiniment plus simple; comme une relation amicale d'extrême franchise et de respect? Selon moi, nous n'avons pas besoin d'intermédiaires. Nous avons en nous et en les autres tout ce dont nous avons besoin pour communiquer avec Dieu. Si le lien est direct, alors nous n'avons plus besoin de gens faisant office d'intermédiaire. Pourquoi des gens, humain comme nous, se placeraient entre nous en Dieu? Que justifie cette arrogance? Je pense que les niveaux d'évolution des âmes diffèrent, expliquant les différences de sagesse chez les gens. Mais un titre n'est pas une preuve d'évolution et encore moins de sagesse. Le titre peut impressionner, mais c'est la personne qui doit parler.

Le baptème.

Je ne vois pas le baptème de la façon catholique. Pour eux, il s'agit du "sacrement destiné à laver le péché originel [..]" (Petit Robert). Comment croire à un système qui juge comme "mal" et "mauvais" le mode de reproduction et une des plus nobles (dépendamment des cas évidemment) aires de plaisirs de notre espèce? Je suis totalement opposé à l'idée religieuse du baptème (du moins l'idée catholique du baptême) quand elle fait intervenir l’idée de purifier des péchés non-commis. S'il est fait dans l'esprit d'accueillir un nouveau membre dans une communauté, je suis pour. S'il signifie "purifier" un nouvel être qui est ce qu'il y a de plus pur, alors je dis non. Cette notion de péché originel condamne un des grands plaisirs humain. Je suis contre toute forme de négation de notre nature humaine ou sexuelle. Le baptême devrait, selon moi, être un moment d'intense célébration: l'accueil dans notre plan d'existence d'une entité réincarnée. Cette entité entreprend un nouveau voyage à travers ce que nous appelons "vie" (vie physique). Nous nous devons donc de bien accueillir cette âme nouvellement incarnée. Selon moi, ce rituel devrait s'accompagner de chants, de danse, et de voeux. Je trouve déplorable que beaucoup de parents prennent ce rituel au sens strictement religieux (je parle des gens d'ici). Ils vont dans un lieu étranger (l'église), assiste à la cérémonie qui dure quelques minutes, asperge l'enfant d'eau, le font pleurer, le temps qu'un étranger (le prêtre ou pasteur) "exorcise" les péchés d'un être qui n'en a pas commis (je reparlerai de ma notion de péchés). Puis, ils retournent chez-eux et mangent un gâteau de pâtisserie fait par des étrangers en compagnie de leur parenté. Peut-être n'est-ce là qu'un cliché, mis je crois que c'est ce que beaucoup de gens font.

Les rituels.

Je ne suis pas contre les rituels. J'ai dit plus avant que je ne croyais pas que nous ayons besoin de rituels pour nous rapprocher de Dieu. C'est vrai, mais je ne suis pas contre les autres rituels, sauf s'ils limitent et emprisonnent l'esprit humain. J'aime la solennité du rituel, mais sans le carcan immuable. Par exemple, je suis tout à fait pour le rituel du mariage. Pour moi, les trois rituels les plus importants, non pas au sens religieux, mais au sens humain et spirituel, sont le baptême, le mariage et la rituel funéraire. Ces rituels devraient être dépouillés de tout artifices non-compris ou non-crus. Ils ne devraient se faire que devant des gens avec qui on se sent très proche. On devrait faire en sorte que l'ambiance soit chaleureuse et spirituelle. Ces rituels ne se déroule qu'une fois dans une vie; on doit donc tout faire pour qu'ils soient parfaits selon nos propres critères, non selon les « normes ».

Le mariage.

Le mariage est selon moi un des rituels les plus beaux. C'est l'union, sur tous les plans (physique, mental et spirituel) de deux âmes. C'est d'associer sa destinée avec une personne avec qui on veut évoluer et faire évoluer des âmes pour lesquelles nous créeront des corps physiques (un corps par âme, évidemment!) J'aimerais un mariage dans le style celte: sur une plage, dans une baie, le soir. Des torches éclaireraient les lieux. Des musiciens seraient présent et joueraient de la flûte, des tambourins et de la harpe. Il y aurait de la nourriture. Seules les personnes étant très près du couple seraient invitées: les parents, frères et soeurs, et amis. Il n'y aurait pas de "lancer du bouquet" ou de "danse de la jarretière" et surtout pas de "disco-mobile" pour animer la soirée. Je ne voudrais pas d'étranger, car ce rituel est intime et rien au monde ne devrait le gâcher, y compris la présence d'étranger. Seulement des gens avec qui on se sent bien et heureux. Peut-être que ma vision de ce rituel est naïve ou trop poétique, mais elle me convient parfaitement.

Le péché.

Parlons maintenant d'un sujet fort en vogue dans les églises: le péché. A leurs yeux, tout ce qui est naturel est péché et ne font aucun discernement qu'en au contexte dans lequel est "perpétré l'acte". Je crois que nous sommes les guides de notre destinée et c'est à nous de juger de nos notions de bien ou mal. La notion dualiste de bien et mal en est une très relative. Ce qui est bien pour une certaine personne dans une certaine situation peut s'avérer mal dans un autre contexte. Tous les "péchés" peuvent ne pas en être dans une situation différente. On ne peut condamner en bloc les actes ou les pensées des gens. Le conflit est très souvent, pour ne pas dire toujours généré par cette interprétation d'individu ou de société qu'est le bien et le mal. Je considère que quelques actes sont vraiment « péchés », comme le meurtre, le vol, et le viol. D’autres actes sont aussi, selon moi, mal: tout ce qui a pour but de nuire, d’une façon ou d’une autre, à quelqu’un (incluant soi-même) ou à quelque chose. Bien entendu, étant donné qu’un bris dans les règles dont la société s’est dotées peut résulter en une perte de liberté ou d’argent, on doit donc user de jugement.


Novembre 1993